Pei
Mên Chêng
[
]
said to the Yellow
Emperor, 'When your Majesty played the Han-ch'ih
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]
in the wilds of Tung-t'ing, the first time I heard it I was afraid,
the second time I was amazed, and the last time I was confused, speechless,
overwhelmed'.
'You are not far from the truth', replied the Yellow Emperor. 'I played
as a man, drawing inspiration from God. The execution was punctilious,
the expression sublime.
'Perfect music first shapes itself according to a human standard ; then
it follows the lines of the divine ; then it proceeds in harmony with
the five virtues ; then it passes into spontaneity. The four seasons are
then blended, and all creation is brought into accord. As the seasons
come forth in turn, so are all things produced. Now fullness, now decay,
now soft and loud in turn, now clear, now muffled, the harmony of Yin
and Yang.
[
]
without end and without beginning,
now dying, now living, now sinking, now rising, on and on without a moment's
break. And so you were afraid.
'When I played again, it was the harmony of the Yin and Yang,
lighted by the glory of sun and moon ; now broken, now prolonged, now
gentle, now severe, in one unbroken, unfathomable volume of sound. Filling
valley and gorge, stopping the ears and dominating the senses, adapting
itself to the capacities of things, - the sound whirled around on all
sides,
Taoist
Philisopher and Chinese Mystic : CHUANG TZU.
Chapter 14 : THE CIRCLING SKY
Translated from the Chinese by Herbert A. Giles
Mandala Books. UNWIN PAPERBACKS. London 1961-1980
Originaly published 1889
Le
ministre Pei-men Tch'eng demanda au Souverain Jaune :
- Quand votre majesté fit jouer la symphonie Hien-tch'e près
de la campagne Tong-t'ing, la première partie me fit peur, la deuxième
me détendît, la troisième me bouleversa, puis ce fut
le silence et je fus envahi par un malaise.
- Vous n'êtes pas loin de comprendre cette symphonie. Je l'ai composée
pour les hommes. Je l'ai éprouvée par le ciel ; je l'ai
dirigée selon le rite et la justice ; je l'ai fondée sur
la pureté suprême. Une musique parfaite répond aux
aspirations de l'homme, elle est en harmonie avec le ciel ; elle avance
selon les vertus, elle est l'expression même de la nature entière.
Elle régularise les quatre Saisons et harmonise tous les êtres.
Les quatre saisons se succèdent ; tous les êtres perpétuent
la vie les uns après les autres. À une époque de
progrès succède une époque de décadence ;
après une civilisation brillante vient le militarisme ; la limpidité
et l'opacité se succèdent ; l'obscurité et la lumière
s'harmonisent. De même, coulent et rayonnent les sons.
[
]
Les sons n'ont ni fin ni commencement ; les uns naissent, les autres
meurent ; les uns se couchent, les autres se lèvent. Ils s'écoulent
indéfiniment et miraculeusement. C'est pourquoi ma symphonie vous
a fait peur.
" Je l'ai faite ensuite selon l'harmonie de l'Obscurité et
de la Lumière et je l'ai éclairée par les rayons
du soleil et de la lune. Les sons de ma symphonie sont parfois courts,
parfois longs, parfois tendres, parfois durs. Ils font un avec le changement
et ne demeurent dans aucun état constant. Ils emplissent tantôt
les vallées et tantôt les ravins ; ils bouchent toutes les
fissures d'une âme bien gardée. En un mot, ils adoptent le
rythme des êtres. Mouvantes et vastes sont les résonances
;
L'uvre
complète de Tchouang-Tseu. XIV : " LE MOUVEMENT CELESTE "
Traduction, préface et notes de Liou Kia-hway.
Connaissance de lOrient, collection UNESCO duvres représentatives.
Unesco, 1969 - Gallimard, Paris, 1978
You thought anxiously about it, and were not able to understand it ; you
looked for it, and were not able to see it ; you pursued it, and were
not able to reach it. All-amazed, you stood in the way all open around
you, and then you leant against an old rotten dryandratree and hummed.
The power of your eyes was exhausted by what you wished to see ; your
strength failed in your desire to pursue it, while I myself could not
reach it. Your body was but so much empty vacancy while you endeavoured
to retain your self-possession
[
]
: - it was that endeavour
which made you weary.
'In the last part (of the performance), I employed notes which did not
have that wearying effect. I blended them together as at the command of
spontaneity. Hence they came as if following one another in confusion,
like a clump of plants springing from one root, or like the music of a
forest produced by no visible form. They spread themselves all around
without leaving a trace (of their cause) ; and seemed to issue from deep
obscurity where there was no sound. Their movements came from nowhere
; their home was in the deep darkness ; conditions which some would call
death, and some life ; some, the fruit, and some, (merely) the flower.
Those notes, moving and flowing on, separating and shifting, and not following
any regular sounds, the world might well have doubts about them, and refer
them to the judgment of a sage, for the sages understand the nature of
this music, and judge in accordance with the prescribed (spontaneity).
While the spring of that spontaneity has not been touched, and yet the
regulators of the five notes are all prepared ; - this is what is called
the music of Heaven, delighting the mind without the use of words. Hence
it is said in the eulogy of the Lord of Piâo
[
]
,
"You listen for it, and do not hear its sound ; you look for it,
and do not perceive its form ; it fills heaven and earth ; it envelopes
all within the universe."
PT.
II. SECT.VII, THE WRITINGS OF CHUANG-TZU (part I)
The Texts of Taoism
THE TAO TE CHING OF LAO TZU
THE WRITINGS OF CHUANG-TZU
The Sacred Books of China
Translated by James Legge
Dover Publications, Inc. New-York, 1962
Original publication : Oxford University Press, 1891
C.
-
C'est cette suite continue à perte de vue, qui vous a
étourdi par son infinitude, au point que, ne sachant plus où
vous en étiez, vous vous êtes appuyé contre le tronc
d'un arbre en soupirant, pris du vertige et de l'anxiété
que cause le vide. - La troisième partie de la symphonie exprime
les productions de la nature, le devenir des destinées. De là
des effervescences suivies d'accalmies ; le murmure des grands bois, puis
un silence mystérieux. Car c'est ainsi que les êtres sortent
on ne sait d'où, et rentrent on ne sait où, par flots, par
ondes. Le Sage seul peut comprendre cette harmonie, car lui seul comprend
la nature et la destinée. Saisir les fils du devenir, avant l'être,
alors qu'ils sont encore tendus sur le métier à tisser cosmique,
voilà la joie céleste, qui se ressent mais ne peut s'exprimer.
Elle consiste, comme l'a chanté Maître Yen, à entendre
ce qui n'a pas encore de son, à voir ce qui n'a pas encore de forme,
ce qui remplit le ciel et la terre, ce qui embrasse l'espace, le Principe,
moteur de l'évolution cosmique.
"
LESPRIT DU TAO " par Jean Grenier, Flammarion, Paris, 1973-1999
LAO-TZEU CONTRE CONFUCIUS. " Une symphonie peut exprimer l'univers
"
TCHOUANG-TZEU, 14. Traduction du Père Wieger
Now you desired to listen to it, but you were not able to grasp
its existence. And so you were confused.
'My music first induced fear ; and as a consequence, respect. I then added
amazement, by which you were isolated.
[
]
And lastly,
confusion ; for confusion means absence of sense, and absence of sense
means TAO, and TAO means absorption therein.'
Taoist
Philisopher and Chinese Mystic : CHUANG TZU.
Chapter 14 : THE CIRCLING SKY
Translated from the Chinese by Herbert A. Giles
Mandala Books. UNWIN PAPERBACKS. London 1961-1980
Originaly published 1889
Comme vous avez voulu l'entendre mais nen avez pas reçu
communication, cela vous a bouleversé.
" Ma symphonie commence par la crainte qui vous a inspiré
le malheur ; elle continue dans le relâchement qui vous a suggéré
la docilité ; elle finit dans le bouleversement de l'âme
entière qui vous a mis dans un état de stupidité.
L'état de stupidité entraîne l'expérience du
Tao. Le Tao peut vous soutenir et vous accompagner partout et toujours.
"
L'uvre
complète de Tchouang-Tseu. XIV : " LE MOUVEMENT CELESTE "
Traduction, préface et notes de Liou Kia-hway.
Connaissance de lOrient, collection UNESCO duvres représentatives.
Unesco,
1969 - Gallimard, Paris, 1978
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