ANÂHATA, ERKOS,
BUTSUMYÔE, SAPPHO HIKETIS, YO-IN. RZECZPOSPOLITA (Varsovie) * GAZETA WYBORCZA (Varsovie) * ZYCIE WARSZAWY (Varsovie) * TAGES-ANZEIGER * PRZEGLAD MUZYCZNY (Varsovie) * PRZEGLAD MUZYCZNY (Varsovie) |
ANÂHATA, ERKOS, BUTSUMYÔE,
SAPPHO HIKETIS, YO-IN. RZECZPOSPOLITA (Varsovie) Jean-Claude Eloy est un ancien élève
du conservatoire de Paris. Pendant son séjour à lUniversité
de Berkeley, il rencontre la culture dAsie qui influence ses uvres.
Aujourdhui il est considéré comme lun des compositeurs
les plus originaux. Il marie la tradition européenne avec lart
ancien du Japon, la musique électronique avec le chant des moines
Bouddhistes. Le dernier vendredi, le public du festival "Automne
de Varsovie" a pu entendre lune de ses uvres la plus
connues: "Anahata" dans sa version de 3 heures, raccourcie et
élaborée spécialement pour le festival polonais.
"Anahata" - cest
la musique de la contemplation, dune longueur extraordinaire. La
difficulté quelle représente pour un Européen
est comparable p.ex. : aux récitations mélodiques du théâtre
traditionnel nô. Eloy y marie les chants des moines, les sons des
instruments à percussion, lharmonica et les bandes sonores
En raison de la longueur de cette uvre, Eloy la réserve aux
événements musicaux de prestige. J. M. GAZETA WYBORCZA (Varsovie) Dès les premiers jours du festival
nous pouvons constater que cette année nous avons un bel "Automne".
Le public, très nombreux cette année, grâce entre
autres aux prix des billets très raisonnables, est du même
avis. Exotique, lOrient ? Dès les premiers sons des ocarinas chinois de "Orchestral Theatre II-Xun" de Tan Dun, le vent de lexotisme a soufflé sur le festival. [ ] Différent travail, p.ex. : le Japonais Akira Nishimura [ ]. Zbigniew Baginski et Wlodzimierz Kotonski traitent les éléments empruntés dans lOrient comme "une curiosité naturelle. La manière de penser de Jean-Claude Eloy est différente. Il essaye dassimiler tous les éléments ensemble: la façon orientale de vivre le temps et lesthétique de "la musique concrète" française (la musique de bande provenant de sons dans la nature), la culture dOrient et celle de lOccident. Eloy se dit lié aux traditions du Japon, dIndonésie et de Turquie "de la même manière quaux uvres de Wagner, de Boulez, de Monteverdi ou de Beethoven" et il est contre lutilisation de lexpression "exotisme". Cette opinion donne la naissance à une musique dun extraordinaire alliage. Nombreux sont ceux qui traitent le compositeur de charlatan - lutilisation dune centaine dinstruments orientaux à percussion et ses remarquables musiciens (p.ex. : le percussionniste Michael Ranta, les moines bouddhistes, la chanteuse Fatima Miranda) attire les foules. Mais pour le contre-argument prenons les parties électroacoustiques enregistrées d'Eloy ou observons ses uvres: les changements de style de musique seffectuent exactement au moment où ce dernier commence à nous ennuyer. Ces deux jours avec Eloy étaient vraiment fascinants et le choc a été fort, même si le public non averti sortait parfois de la salle, la soif des passionnés nétais pas encore étanchée à 2 heures du matin. [ ] DOROTA SZWARCMAN ZYCIE WARSZAWY (Varsovie) (photo : Koshin Ebihara, moine Japonais, chante "Anâhata" au studio S1) Le 37ème Festival International
de Musique Contemporaine "Automne de Varsovie" [
] Comme
les années précédentes, durant le Festival, hormis
quelques exceptions, le public na pu entendre que des uvres
composées au moins il y a deux ans. Parmi elles, les expériences
avec la musique dOrient de Jean-Claude Eloy ou bien l'après-première
d'une uvre énorme dAugustyn Bloch, du concerto pour
violon de Hanna Kulenta et autres uvres déjà connues
hors de Pologne. [
] EWA SOLINSKA TAGES-ANZEIGER Le festival de musique contemporaine "Automne de Varsovie" vient de s'achever dans la capitale polonaise. Après la disparition de la figure paternelle de Witold Lutoslawski, on était curieux de savoir quel cap les organisateurs allaient prendre. par Thomas Schacher Les vingt-sept concerts du festival avaient pour thème central la rencontre entre l'Est et l'Ouest. Autrefois, cette devise signifiait avant tout un échange de points de vue artistiques entre compositeurs et interprètes de part et d'autre du Rideau de fer. Depuis l'ouverture des frontières de la Pologne, l'horizon s'est donc élargi. Aujourd'hui, l'Est n'est pas à Varsovie ou à Moscou, mais à Pékin ou à Tokyo. La présentation de l'uvre du compositeur français Jean-Claude Eloy était caractéristique de cette nouvelle orientation. Ce dernier critique l'eurocentrisme de nombreux compositeurs d'aujourd'hui et préconise la jonction de la musique occidentale aux autres grandes cultures musicales de la planète. "Erkos" allie avec réussite la tradition japonaise du Satsuma-Biwa et du Shômyô à l'écriture occidentale moderne et aux possibilités d'enrichissement sonore offertes par l'électroacoustique. Mais si "Erkos" a produit l'effet suggestif souhaité, c'est avant tout grâce à la personnalité de la musicienne japonaise Junko Ueda, pour qui cette pièce semblait taillée sur mesure. [...] THOMAS SCHACHER PRZEGLAD MUZYCZNY (Varsovie)
Dans son commentaire publié dans le programme de "lAutomne de Varsovie" Jean-Claude Eloy déclare son appartenance à "la minorité musicale". Actuellement la civilisation de lOuest étudie de près toutes sortes de problèmes de minorité, en commençant par des problèmes nationaux et en terminant par des problèmes sexuels. On peut reconnaître une minorité dune façon toute simple: une minorité est différente de la majorité. Légalité de droits dune minorité ainsi que l'acceptation de tout ce qui est différent, cest une des clefs daccès à la réflexion contemporaine sur la condition humaine (ceci est ma vision du monde). Une des formules magiques du post-modernisme dit, que le monde est un ensemble de plusieurs minorités autonomes et égales auxquelles tout le monde peut appartenir à condition de respecter les règles du jeu. Ceci ressemble beaucoup au type de la culture japonaise dont parlait dans ses uvres, il y a cinquante ans, Ruth Benedict. Aujourdhui les anthropologues se réfèrent volontairement au Japon contemporain comme un exemple du post-modernisme incarné. Quant à la conception du monde, la fatigue de lOuest aux Grandes Idées et la toute petite perfection de linterprétation japonaise ont apparemment donné leffet similaire. Quelle est la raison de cette ressemblance? Est-ce que ce sont les mêmes épreuves dexistence qui permettraient non seulement d'accepter la différence mais aussi de la comprendre? Cette fascination pour les possibilités qui souvrent grâce à la multi-civilisation du monde contemporain est concevable mais, est-elle compréhensive? Bien évidemment je ne soupçonne pas quEloy cherche à atteindre un exotisme pittoresque ou un exotisme purifiant, car le mot "exotique" le fait frémir. Alors est-ce de sa part une opération moderne et consciente quil fait subir aux textes musicaux de la culture? Ou bien le compositeur croit-il quil existe une réalité extra-textuelle que lon peut ressentir? Quest donc sa création qui se réfère aux traditions si éloignées de celles quil a connues? Est-elle linterprétation du texte ou bien linterprétation de la réalité?
Le regard que les Européens daujourdhui portent sur l'exotisme, donc sur tout ce qui leur est étranger, trouve souvent son origine dans la perception moderniste stéréotype de linconnu. Je pense que ceci était une des raisons pour lesquelles le public sortait en foule pendant laudition, et après la première et la deuxième partie du concert. Que ce soit un collectionneur ou un touriste, ils sont tous les deux à la recherche perpétuelle de la différence, car elle leur permet de prendre conscience du fait quils peuvent, en recherchant des spécimens ou des souvenirs, dominer une grande partie de la terre. Eloy ne donne ni dans lun ni dans lautre. Des bouddhistes chantent des compositions créées par un Européen. Cela empêche de cataloguer ces uvres comme des exemples de la "musique traditionnelle japonaise" et encore moins en tant que folklore contemplatif pour les touristes qui espèrent vivre de "vraies épreuves". Dans la création dEloy, il ny a point cette nonchalance dun vainqueur, tellement présente dans les musées et le tourisme. Ce compositeur est tout à fait conscient de son métier. Il interprète parfaitement bien le texte musical de lEst Lointain, par un autre texte. Les interprétations sentassent, car la culture japonaise elle-même sappuie sur une grande part d'interprétation. La créativité pour lEuropéen cest créer à partir de rien. Chaque artiste usurpe la puissance des dieux. Un japonais conçoit en utilisant ce quil tient dans sa main. Pour son art, il a besoin dune matière afin de la soumettre à sa volonté de la perfection, dont lessence se trouve dans sa subordination à lâme de la matière. Voici le post-modernisme de la culture japonaise. Pour quun texte puisse naître, lexistence dun autre texte est indispensable. Eloy en est conscient. Les sons quil emploie font parfois allusion aux cultures dans lesquelles il puise. Quelquefois cest une citation. Une citation quon a déformée, interprétée ou bien changée de contexte, mais qui nessaie pas de persuader que cest "la vraie musique bouddhiste". Cest grâce à son authenticité du point de vue du musée, quelle devient universelle. Parmi les textes utilisés par Eloy, l'un d'entre eux est lhistoire dune vieille femme qui devant chacune des cinq cents statues de Bouddha avait reconnu le visage dun de ses amants. La musique dEloy dune façon similaire se réfère à notre imagination et à nos expériences culturelles. Plus elles sont riches, plus nous avons vécu de flirts avec une culture étrangère, dautant plus nous allons reconnaître de visages connus parmi les sons et dautant plus proche nous deviendra la musique elle-même. Le fait quEloy exige des grandes compétences artistiques de la part de son public loblige de se positionner parmi la "minorité musicale". Les alternatives, les citations et les textes, tout cet ensemble peuvent savérer trompeurs. Eloy nest pas un orthodoxe post-moderniste. Il ne peut pas lêtre, car cest un artiste. Il crée ses uvres en faisant un recours à "la technologie de production post-moderne". Mais il ne sait pas être sceptique jusquau bout. Il croit à la réalité des passions humaines extra-textuelles. Et pire encore, il croit à lexistence de lAbsolu. LAbsolu qui appartient à un ordre autre que celui des sentiments humains et à un monde différent des textes qui le décrivent. Cette musique nest ni "un jeu à la culture" intellectuel, ni un récit sur la souffrance de Grecs antiques. Elle essaie de nous renvoyer à lendroit où, comme pensent les post-modernistes, nous ne sommes pas, et où nous ne serons jamais. Là, où tout dépasse la réalité humaine. Chez le compositeur français, le son, bien que traité comme un texte post-moderniste, essaie datteindre labsolu. Eloy croit au pouvoir transgressif de la musique. On peut retrouver le caractère dune telle déclaration dans "Yo-in" - le morceau qui utilise la poéticité de lart de laction (ex. les bougies qui forment un idéogramme jiyu la liberté, le costume du batteuracteur de ce très long spectacle), et qui malgré la distribution instrumentale extrêmement exotique, est le morceau le plus européen parmi toutes les uvres représentées. La transgression au sens propre (mais aussi au sens approfondi du terme) ce sont les parties vocales dans Sappho Hikétis et Butsumyoe interprétées par Fatima Miranda. Cette artiste faisait avec sa voix des choses qui dépassaient toute la conception, qui étaient à la limite du supportable. Lexcès du plaisir qui a pour but lirritation des sens peut parfois faire mal. Le concert du samedi soir semblait avoir lesprit plus européen que celui du vendredi. Il semblait quon avait raconté certaines histoires dans l'espoir de changer quelque chose. Tandis que le premier jour nous avons appris que les récits ne peuvent pas changer le cours de lhistoire. Voici le sens du récit: Même si je suis sûr, La musique d'Erkos, violente et modérée en même temps, interprétée par Junko Ueda, a rendu hommage à léternelle sainteté, indifférente à la vénération humaine. La force dexpression lyrique de lartiste japonaise, semblait dépasser cette insensibilité divine. La manière traditionnelle de dépasser la réalité cest la contemplation. Voici la spécificité dAnahata où les parties vocales étaient interprétées par deux bouddhistes en compagnie de Junko Ueda. Si le public ne quittait pas la salle, on aurait eu limpression dassister à une autre sorte de passage des frontières, entre ce qui existe et ce qui nexiste pas - une transgression du temps. Un suspens extraordinaire à lintérieur dune voix humaine étonnamment maîtrisée et obéissante à sa propre force. Dautre part cest justement le temps qui paraît être la force que le compositeur a du mal à dompter - la taille de certaines uvres rendent la réception impossible. Personne na dit que les contacts avec labsolu sont faciles, plaisants et agréables. À condition bien évidemment que labsolu existe et que nous ne soyons pas la victime dune méchanceté raffinée dun érudit qui jongle avec des citations musicales. Heureusement ce nest pas le cas de Jean-Claude Eloy. EWA KLEKOT (photo : Kôshin Ebihara, moine
Bouddhiste, interprète Anâhata d'Eloy) PRZEGLAD MUZYCZNY (Varsovie) [
] Nous attendions tous la musique
dEloy. Jai même raté "Les nuits électroniques"
pour lentendre en toute lucidité de lâme et de
lesprit, pour contempler ce phénomène musical. [
] (photo : Le percussionniste Michael Ranta interprète Anâhata de Jean-Claude Eloy) |
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