ETUDE IV DIAPASON |
ETUDE IV DIAPASON
Jean-Claude Eloy est né en 1938. Après des études de composition dans la classe de Darius Milhaud au Conservatoire de Paris, suit les cours de Pierre Boulez à Bâle. Attiré par les civilisations d'Extrême-Orient, il a fait de nombreux séjours au Japon. Il a su, dans ses uvres purement instrumentales, mettre en opposition les couleurs sonores tout en gardant une rigueur de structure. Il a confronté des instruments aussi différents que les percussions, les vents ou la guitare électrique, par exemple, et n'a pas fui les influences du gagaku japonais ou du raga hindou. Aujourd'hui, il se tourne vers l'ordinateur.
lssy les Moulineaux. UPIC veut dire: Unité polyagogique informatique du CEMAMU (centre créé par Xénakis). Jean-Claude Eloy tient un crayon électrique et dessine ; sur un écran de télévision apparaissent les graphismes sonores, donnés à l'ordinateur, les sons naissent. Il engrange. Il choisit. Nouvelle écriture. "C'est une machine
neuve pour moi. Terrain vierge. J'avais fait un seul essai à Stanford
en 1967, avec John Chowning. Depuis quelques mois je travaille là,
une fois par semaine. À mon insu, un acquis de conception et d'écriture
refait surface. Même dans les situations les plus amnésiques,
la personnalité revient. Depuis dix ans je m'étais éloigné
de la musique "des points sur une ligne", notes... Les analyses
sur la Musique Asiatique (71 sonogrammes) m'avaient démontré
la richesse de la variation glissée (voix de l'Indien Daggar).
À l'intérieur d'un son plus ou moins tenu, je sentais le
vibrato plus ou moins variable, une différence de degré,
d'amplitude de mouvement et tendais vers une musique dans laquelle le
glissando reprend de l'importance (à Bâle, aux cours de Boulez
le "glissando" était un fruit défendu !). Les
possibilités de dessin au crayon sur une table électrique
correspondent bien à ce que je cherche aujourd'hui. J'ai tendance
à me nourrir de "glissés par masse", variables.
L'UPIC conjugué à la logique de mes désirs, mon évolution,
m'amène à des éléments qui étaient
ceux de Xénakis (nuages de sons) en liaison avec mon écriture
récente pour orchestre (Fluctuante-Immuable). Je renoue
avec un vieux désir de mon enfance : j'étais visuel. Quand
je travaillais mon piano, entre 11 et 13 ans, je mettais une carte postale
devant la lampe. Le poisson magique de Paul Klee demeura longtemps : Eléments
dispersés dans l'espace, êtres sans pesanteur Je rêvais
d'accords qui auraient une telle force d'attraction qu'ils s'aboliraient.
J'avais essayé de trouver une ligne mélodique correspondant
à des volumes et des étendues planes (image de montagne).
Sous la mélodie épousant le ciel, de gros blocs verticaux
équivalaient aux arbres. Avec l'UPIC ces rêves d'enfance
deviennent possibles. Les schémas de paysage ne sont qu'un sous-schéma.
Le dessin que vous voyez peut sonner de mille manières. La version
change selon la composition mise dessus." MARTINE CADIEU le disque |
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